vendredi 8 avril 2016

Le printemps du rhum, retour sur le RhumFest 2016


Ah quelle belle journée ! La grande communion des amoureux du rhum est déjà passée et comme chaque année ce qui restera sur toutes les lèvres sera le mot "sourire". Comme chaque festival qui se respecte, que ce soit musical ou autre, c'est avant tout une fête. Et la fête du rhum est forcément colorée, bruyante et un peu embrumée. Le rhum c'est ça, une réjouissance venue des tropiques qui donne envie de se rassembler, de sourire ensemble. Alors vous allez me trouver un peu rhumantique mais honnêtement si le rhum ne me procurait pas cette joie je ne serais pas là à partager un peu de ma passion avec vous.
Bien sûr un salon est aussi un haut lieu de promotion et d'échanges pros mais il ne s'agit pas non plus du salon de la vis et du boulon (avec tout le respect que je dois au domaine de la fixation) donc les chemises à fleur, les panamas et les cocktails à ombrelle ça aide quand même à instaurer une bonne ambiance (ah bon ça ne se fait plus les ombrelles ?).

(c) Coeur de chauffe

Je salue donc les organisateurs, les équipes en renfort et les exposants pour leur sourire et leur disponibilité, malgré les quelques visiteurs un peu lourds et les questions des bloggers parfois tout aussi lourdes. Mention spéciale aux plus petits producteurs qui aiment parler de leur bébé et dont la passion est communicative.
J'avais une ébauche de plan d'attaque qui a été contrariée dès le début, cédant aux "tiens c'est quoi ça ?" je suis sorti directement de la route prévue. Merci à l'homme à la poussette que j'ai croisé en arrivant et qui m'a donné quelques tuyaux et quelques incontournables à visiter.

(c) Coeur de chauffe

Juste une petite précision, cet article se veut plutôt un récit avec des impressions de dégustation furtives.

Rum & cane (c) Coeur de chauffe
Dès l'entrée se trouvait Rum & Cane (West Indies Rum & Cane Merchants) un embouteilleur indépendant Anglais présentant un tas d'origines comme c'est de plus en plus le cas dans cette catégorie. Les rhums sont tous des single casks (provenant d'un fût unique) et donc en quantités assez limitées, autour des 300 bouteilles. Ils titrent tous à 46% et sont âgés d'au moins 8 ans.

Les origines proposées sont toutes assez classiques : Guyana, Jamaïque, Belize, Fidji, Panama, Nicaragua et attention : Philippines ! Argh le fameux rhum que l'on aime détester (et qui le mérite entendons nous bien). Eh bien pour vous chers lecteurs j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai démarré ma journée de dégustations par cette émanation de la mystérieuse distillerie Bago.
Quel gâchis que ce Don Papa ! La matière première représentée par ce XO là est vraiment plus qu'honnête, un rhum de mélasse plutôt de type anglais, un nez avec beaucoup de raisin sec, du fruit confit (orange, on ne se refait pas, mais loin du Toplexil que l'on connait, plutôt dans le zeste légèrement amer) et puis une attaque bien épicée, les 46% sont bien réglés je trouve et la finale est bien équilibrée et légèrement cuivrée. Pour une surprise c'en est une et je suis ravi d'avoir pris le risque.

Le Guyana est venu ensuite ; il provient de la distillerie Diamond, par contre je ne sais pas de quel alambic mais je pencherais vers une bonne proportion de Port Mourant. Pour le coup ce n'est pas un grand Demerara, c'est assez alcooleux, beaucoup de banane au premier nez, ça me rappelle le "tout venant" de chez DDL comme le Plantation Guyana par exemple.
Le Belize (Travellers) quant-à lui, passé son nez doucement vanillé avec un peu de douceur de coco assez typique, se révèle très fumé en bouche dans un esprit whisky, ce serait même à s'y méprendre si le nez n'était pas aussi exotique. Plutôt agréable quand on a envie d'un rhum présent mais pas trop lourd.

C'est un versant très light de la Jamaïque qui est ensuite abordé, décevant pour ma part tant on est loin de ce que je connais de Worthy Park. Il offre vraiment peu de caractère, fruité puis caramel mou, très mou..
Mais je ne pouvais pas quitter le stand comme ça, et le Fidji fut une superbe sortie. Distillé chez South Pacific, on dirait qu'il tape sur l'épaule de son timide voisin Jamaïcain en lui disant "voila comment faut faire bonhomme !". Voila de la puissance, on décèle une longue fermentation, un côté olive / grand arôme que j'apprécie personnellement de plus en plus, et puis en bouche c'est à la fois tanné et végétal pour retrouver en finale une pointe d'olive adoucie, confite. Top !

Abuelo (c) Coeur de chauffe
Juste en face, Abuelo (Panama), qui propose à son tour trois nouveaux finish qui affichent 15 ans d'âge. Les rhums Abuelo sont en général très doux mais bien équilibrés et délicats, voyons si les associations proposées apportent quelque chose de sympa.
La première finition proposée s'est faite en fût de sherry Oloroso (vin de Xéres Espagnol). Pour moi l'intérêt de cette finition est d'arrondir ou de proposer un contraste avec un rhum un peu charpenté alors là je ne suis pas sûr que le choix soit très judicieux. Le nez a un certain charme mais il est très faible, en bouche il faut être attentif car c'est très court (il est vrai que j'étais sur le Fidji quelques minutes avant, c'est à noter tout de même). Il y a du caramel, de la mélasse, une petite amertume. J'aime autant rester sur le 7 ans qui est sans prétention et qui fait son travail.

La deuxième finition se prénomme Napoléon en référence au monde du Cognac dont quelques fûts ont été utilisés ici. Le nez est plus sec et plus rustique, on se redresse un peu. Cette fois ci cela apporte quelque chose, on a plus de fruits secs (raisin, pruneau), c'est court mais subtil, soyeux.

Enfin la finition Tawny en fût de Porto apporte le côté tannique et plus sec attendu. Même si le nez reste très classique, caramel, vanille et boisé fin, la bouche est elle bien plus fruitée et laisse une certaine persistance.

Bref, si on aime les rhums typés Amérique Latine je dirais que le Napoléon propose une évolution qui ne bousculera pas trop les habitudes, alors que le Tawny est plus ouvert à d'autres horizons.



Prochain arrêt : l'île Maurice et New Grove ! Toute la gamme est là, Freddy de la cave A'rhum aussi et il est en plein boulot avec les nouvelles finitions. Pour ma part je décide de réviser un peu et de reprendre la gamme du début, c'est à dire au blanc (nommé Plantation). Au départ le nez de ce rhum de mélasse est assez fermé mais il développe des notes très fruitées en bouche, notamment de fruits blancs et de fraise. Ensuite le trois ans (Oak aged) garde le caractère du blanc mais s'arrondit un peu, enveloppé dans un petit boisé épicé, il perd par contre en fraîcheur et donc en longueur. Il vaut mieux faire quelques impasses car déjà à ce stade le palais est loin d'être intact donc je passe sur le 5 ans que je connaissais déjà. Et là on fait un grand bond en avant avec le 8 ans qui devient pour moi la référence régulière de la marque, le nez est sublime, sur la mélasse et les fruits cuits, la bouche est bien fondue et droite, pas trop onctueuse et enfin apparaît en finale ce que j'appelle le "petit fumé New Grove" qui m'avait tant plu l'année dernière sur le Single barrel 2004.

New Grove (c) Coeur de chauffe

Le style New Grove est installé, nous sommes alors fin prêts pour les finitions, qui comme souvent vont par trois. Les Double Cask titrent tous à 47% et ont passé 7 ans en fût de chêne puis une année en fût de finition autre que chêne (sauf pour le Moscatel), ce qui est assez rare et osé !

Le premier dégusté était l'Acacia, avec un nez très doux et déjà une petite note de noyau de fruit rouge que j'apprécie particulièrement. La bouche est équilibrée, moins douce que ce que l'on pourrait attendre, dans un registre classique mélasse-boisé-fruits secs. La finale est moyennement longue.

Le Merisier est déjà beaucoup plus tannique au nez, plus rude, la bouche est plus sèche, sur un registre fumé, tout cela est assez serré avec une finale sur le noyau. Le style est assez marqué, j'ai aimé ce côté droit et saisissant, on pourrait par contre avoir envie qu'il s'étale un peu plus.

Le Moscatel (Vin blanc doux Espagnol) est le plus équilibré, la mélasse se mélange à un miel fruité, le bois vient épicer cette douceur et on retrouve ce fameux fumé très bien enrobé par des notes pâtissières. C'est pour moi le plus réussi car la typicité de New Grove représentée par le 8 ans est là, avec une proposition plus moelleuse offerte par cette finition.

Une belle gourmandise pour finir : Le Single Cask 2007 sort à 60% soit 10 bons degrés de plus que son prédécesseur de 2004. Par contre je n'ai pas noté la durée de vieillissement de celui-ci, si quelqu'un veut bien m'éclairer..
En tout cas les 60% passent tout à fait inaperçu, le nez est très doux et d'une complexité difficile à analyser en "conditions salon", au départ en bouche j'ai eu la sensation d'avoir à faire à un rhum agricole type Guadeloupe avec ces fruits rouges et ce petit goût de noyau que j'aime beaucoup (Je l'ai déjà dit ça non ?). En bouche il y a toujours du fruit cuit, mais aussi de la canne (toujours cette impression de rhum agricole), du miel d'automne et un boisé un peu humide. En revanche, et c'est le seul léger bémol, mon "petit fumé New Grove" a quasiment disparu et la persistance en bouche est plutôt vanillée.

Superbe moment passé sur ce stand tant la gamme est complète et intéressante à parcourir, leurs Single Cask sont décidément en haut du panier et les finitions sont de bonnes pistes à explorer pour les curieux, le Moscatel étant une belle réussite et le Merisier à conseiller à un amateur de whisky.


Les Bienheureux (c) Coeur de chauffe
C'est avec plaisir que je suis tombé sur Olivier de la maison Les Bienheureux dont je vous avais parlé ICI il y a quelques temps. Il dispose d'un stand qui présente la gamme au complet et je suis heureux de constater qu'une pluie de médailles des RhumFest awards s'est abattue sur leurs produits. Je me permets de reprendre la fin de l'article qui leur était consacré pour revenir sur ce pourquoi ils méritent que l'on s'y intéresse (le mec s'auto-cite carrément...) : "j'ai choisi de vous parler de cette gamme car je l'ai trouvé plus qu'honnête gustativement et je trouve que leur contrat de rapport qualité / prix est bien rempli. Voici des rhums qui ne revendiquent pas une histoire montée de toutes pièces ni des méthodes d'élaboration d'une autre planète, ils permettent de se faire plaisir ou d'offrir un produit pour lequel on paie un prix juste"
Toujours une mention spéciale pour la Cachaça Parati


Karukera (c) Coeur de chauffe



Un peu d'agricole de haut vol maintenant avec l'Intense de Karukera. Réduit lentement et longuement reposé pour atteindre les 60,3%, ce rhum se pose en concurrent sérieux de l'Esprit de Neisson, une légende en termes de rhums blancs. Le nez est superbe, une vraie bouffée de canne fraîche, en bouche on sent la fibre de la canne, c'est puissant, frais, mais sans brûlure, génial. La finale quant-à elle est grasse, riche et longue, ce qui le rend extrêmement facile. Une vraie bonne surprise.








And now ladies & gentlemen, Habitation Velier ! Il fallait s'armer de patience et de politesse pour s'approcher du stand. Politesse pour attendre son tour gentiment afin de ne pas gêner les gens en pleine découverte de ces petites bombes, et patience pour supporter ceux qui n'avaient ni l'une ni l'autre. Les exposants devaient avoir l'impression d'être dans un épisode de The Walking Dead, ça devait être assez angoissant.

Habitation Velier (c) Coeur de chauffe

Je ne vous referai pas de topo sur ces produits déjà maintes fois présentés sur d'autres sites, j'attaque directement par le Muller, l'alambic posé au sein de la distillerie Bielle sur Marie Galante par Luca Gargano et son compère Gianni Capovilla. A priori il est donc proche du PMG Blanc 56%, superbe eau de vie capturant l'essence de la canne, à part le fait qu'il compte 3 petits degrés de plus. C'est un rhum qui provient d'une seule variété de canne (Je demande une nouvelle fois l'aide des rhum-geeks car je n'ai pas noté laquelle) et qui est distillé sur Marie-Galante puis transporté en Italie chez Capovilla pour y être reposé et réduit. A la dégustation, sans surprise on est sur la canne de bout en bout mais aussi sur des agrumes et du poivre. La surprise surtout c'est qu'on est pas si proche du PMG, j'ai plutôt eu l'impression d'être plus proche du Bielle 59 classique, c'est-à-dire d'un agricole pur et dur.

Il y a un rhum que l'on cherchera à comparer ; il s'agit d'un blanc de Worthy Park en Jamaïque qui titre à 57%. Rum Nation en a sorti un identique sur le papier en 2014 et il fait déjà partie des incontournables. Ces rhums de Jamaïque sont hyper expressifs, très chargés en arômes, avec des notes caractéristiques de vernis / colle et de fruits très murs. Quand ils sont bien faits ils offrent une douceur en bouche aussi surprenante que le nez peut être violent, ce sont de véritables bombes. Eh bien nous sommes servis avec ce Forsyths blanc qui apporte en plus du côté typique attendu un aspect beaucoup plus terrien, sur le champignon, ça sent la très grosse fermentation et qu'est-ce que ça fait plaisir !

Une version vieillie de 2005 du même alambic était également présente, elle compte 10 années de vieillissement et 57,8%. Un rhum de Pot-Still Jamaïcain (alambic utilisé pour le whisky) ayant vieilli pendant 10 ans sous les tropiques dans son pays d'origine ça ne court pas les rues, on peut s'attendre à un gros travail du vieillissement. C'est un rhum épais qui en résulte, pas agressif pour un sou, le nez est apprivoisé mais toujours typique avec cette banane cette fois ci mijotée, compotée, que l'on se retrouve à mâcher en bouche, c'est vraiment dense et "plein". Enfin j'ai particulièrement aimé ce boisé humide, un peu pourri (miam miam), sûrement le résultat du vieillissement d'un produit longuement fermenté auparavant, que l'on retrouve dans les Rhum Rhum Libération et qui a définitivement achevé de me conquérir.

Enfin le Foursquare 100% Pot-Still Brut de fût (non réduit) de 2013 vieilli en fût de Cognac a été le plus surprenant. C'est la colonne vertébrale des assemblages de la Barbade, habituellement composés de rhums de Pot-Still et de rhums de colonne. Il n'a subi que 2 ans de vieillissement et il est déjà extrêmement riche, les 64% ne provoquent aucune brûlure, c'est impressionnant. On comprend alors l'importance de ce type de distillat, la structure, la complexité et la puissance qu'il apporte. On peut construire de magnifiques rhums à partir de cette base, quelques gouttes peuvent orienter le caractère d'un assemblage et influer sur sa manière de se comporter dans le temps. Alors quand on a la chance de déguster ce petit trésor tel quel on se dit qu'on a très envie de voir la suite ! Foursquare va nous régaler prochainement avec d'autres bruts de fûts, un single blended de 8 ans de 2004 et un 10 ans de 2006 avec Velier.
D'autres distilleries leur emboîteront sûrement le pas, il se murmure déjà que Mount Gay devrait elle aussi sortir une version brut de fût (63%) de son XO à la fin de l'année...

Reimonenq (c) Coeur de chauffe



Tant qu'à être dans le grandiose, petit détour par Reimonenq pour la gourmandise, les bouteilles ont changé mais le contenu reste identique, le 7 ans remplace le 6 ans "réserve spéciale", pas de changement notable, la magie est toujours là, toujours ce boisé unique qui divise parfois mais que j'adore.





Du nouveau également au niveau des embouteillages de Ferroni, mon coup de cœur de l'année dernière. Le Fresh Cane, blanc agricole de l’Île Maurice tout en rondeur malgré ses 56%, subit un petit lifting et se nomme désormais La Dame Jeanne, la maison ayant voulu rappeler sa méthode de repos, à Marseille, dans des dames jeanne ouvertes.

Guillaume Ferroni (c) Coeur de chauffe

Le classico Paris-Marseille existe aussi dans le monde du rhum Français, même si ici on préférera parler de tandem plutôt que de confrontation, puisque désormais on distille aussi à Marseille ! Guillaume Ferroni propose donc Guildive 1800, un rhum de mélasse élaboré comme au 19ème siècle, avec d'anciens alambics d'époque, réutilisation des bas vins de la distillation précédente qui viennent enrichir le nouveau distillat, coeur de chauffe très réduit et donc tout petits rendements. On peut dire que c'est très réussi, on est dans la famille des Clairins ou autres eaux de vie de canne, avec un côté champignon, terrien, et aussi olive verte, une puissance qui s’estompe très vite mais qui laisse place à une très grande longueur aromatique. Un vieillissement est déjà en cours, ça risque d'être superbe.





Cela fait déjà énormément de rhums dégustés donc veuillez me pardonner si la suite est un peu moins fournie. Vous pouvez éventuellement vous réjouir également parce que cet article commence vraiment à être long, d'ailleurs je vous remercie d'être encore là.

Heureusement, les bruts de fûts savent s'imposer même sur un palais très entamé, et Ekte (nouvel embouteilleur Danois) est tombé juste au bon moment. Je passe sur les blends (assemblages) qui ne m'ont pas trop emballé, à part le Pungent & Geeky, style Jamaïcain assez sympa mais un peu alcooleux.
Ekte (c) Coeur de chauffe

Les Single Cask étaient déjà beaucoup plus alléchants, comme par exemple ce Panama de 11 ans (63,1%) pour lequel le choix du brut de fût est à la fois évident et génial car on a juste un rhum qui sent le rhum et qui a goût de rhum, ni plus ni moins, et ça fait vraiment du bien. Le Nicaragua 15 ans (68,6%) quant-lui est vraiment trop fort et sec à mon goût et devient piquant, pas franchement agréable.


Figure imposée des embouteilleurs indépendants, un petit Guyana ! Il s'agit d'un Uitvlugt de 17 ans (62,8%) que j'ai trouvé un peu léger de corps, mais je n'ai pas eu assez de temps pour le déguster correctement. A suivre la Jamaïque avec un Monymusk 12 ans (60%) et un Long Pond 15 ans (61,4%). J'ai trouvé le Monymusk très bonbon, banane / cannelle avec un peu de fruits rouges acidulés et une pointe métallique, assez gourmand. J'ai beaucoup apprécié le Long Pond car il propose une palette très large avec une succession d'arômes avec laquelle on se laisse surprendre et porter. Un nez de résine un peu médicinal, du grand arôme (olive, banane), un peu de brûlure tout de même, de l'hydrocarbure mélangé à l'olive, et une persistance de pâte d'amande, un vrai tour de grand huit ! Enfin un Uitvlugt de 23 ans (57,7%) fermait la marche avec un profil extrêmement fruité, pas forcément très lourd mais tout l'étal du primeur y passe avec une base de mélasse riche. Je pense qu'il provient de l'alambic Versailles car on m'a confirmé qu'il vient d'un Pot Still et je n'ai pas retrouvé les caractéristiques "poudrées" du Port Mourant.
Encore une bien belle gamme proposée par ce nouveau venu, je vous souhaite tout particulièrement  de pouvoir goûter le Long Pond 15 lorsqu'il arrivera en France.

Une bouteille attisait ma curiosité depuis un moment : le fameux Tricorne de la Compagnie des Indes. Déjà parce que je trouvais la bouteille et le concept assez classes (désolé je n'ai pas pu prendre de photo, le stand était constamment pris d'assault !). C'est un rhum blanc composé de rhum pur jus, rhum de mélasse et batavia arrack une eau de vie distillée sur l'île de Java dans de petits alambics à partir de jus de canne et de riz fermentés (rien à voir avec l'arak "oriental"). Tout un programme même si j'ai été un peu déçu car le profil général qui en ressort est assez classique finalement, plutôt blanc de mélasse assez doux et vanillé, je m'attendais à quelque chose de plus original. 

Foursquare (c) Coeur de chauffe
Pour finir, en vrac, quelques rhums auxquels je n'ai pas pu résister sur mon chemin vers la sortie. Le Doorly's 12 ans excellent avec une finale fraîche et fruitée, le Sixty Six typé bourbon, boisé et sec, le Zinfandel finish Foursquare très équilibré, la Barbade avec un supplément de fruit (Le Zinfandel est un cépage que l'on trouve dans les vins Californiens), le Foursquare 2004 brut de fût sublime l'art de l'équilibre de la Barbade avec une grande intensité. 






Le belge Shack Rum est un assemblage de rhums de 5 ans de Trinidad, Barbade et Guatemala au nez plutôt "espagnol" et plus "anglais" en bouche avec une déclinaison en spiced. 

Shack Rum (c) Coeur de chauffe

Depaz 45 (c) Coeur de chauffe
Et enfin deux rhums que j'aurais dû goûter plus tôt dans la journée : Le Depaz 45 qui évince le 55 du catalogue (en métropole ?) en gardant sa typicité poivrée mais en étant tout de même plus gras, sur le jus de canne, et moins minéral. Une belle réussite même si selon moi les deux devraient tout à fait cohabiter.

Depaz 2002 (c) Coeur de chauffe
Et puis le 2002 ! Quelle merveille, j'avoue m'ennuyer de temps en temps avec l'agricole qui parfois tourne un peu en rond, celui ci est une dentelle riche de banane, de jus de canne, de fraîcheur, de boisé, il me fait penser aux HSE Small Cask en plus pêchu, les fans de la montagne pelée vont se régaler !






J'allais quitter les lieux quand Cyrille Hugon me dit que le Mana'o, rhum pur jus Bio de Tahiti va être mis en dégustation, eh bien ç'aura été une belle sortie car ce rhum qui est déjà un super agricole en soi, envoie en finale une sorte de réglisse mentholée qui m'a complètement pris de court et que j'ai trouvé assez extraordinaire.

(c) Coeur de chauffe

Moi qui pensais faire une visite plutôt rapide, c'est complètement raté et je ne vais surtout pas m'en plaindre ! Et là où j'aurais dû dire "vivement l'année prochaine" je vais plutôt dire "à très vite" car cette année 2016 verra l'éclosion du RhumFest Marseille les 6 et 7 Novembre au Palais des Arts du Parc Chanot. Une occasion de choper un dernier coup de soleil avant l'hiver !