Après quelques semaines de vacances pendant lesquelles j'ai mis un point d'honneur à soutenir les producteurs de citron vert, il est enfin temps de faire les courses de la rentrée !
J'aurais aimé trouver quelques pépites sur le chemin, mais j'ai l'impression que l'explosion du rhum, si elle nous permet de trouver de plus en plus de jolis embouteillages, profite surtout aux grosses machines du marketing. En effet, j'ai croisé quelques caves avec une quantité alléchante de références (beaucoup d'entre elles proposent jusqu'à une quarantaine de rhums différents), mais avec 90% de rhums très sucrés, aromatisés ou spiced, vendus comme "premium" (à la différence des arrangés, liqueurs et autres qui sont vendus pour ce qu'ils sont et qui néanmoins peuvent être de très bonne qualité).
J'ai peur que la fracture ne soit en train de s’élargir entre les rhums authentiques et les dizaines de nouveaux produits aux origines douteuses et au marketing bien léché, l'avantage tournant nettement en faveur des derniers en dehors des cavistes spécialisés. L'argument (déjà discutable) qui disait que ces rhums "faciles" étaient de bonnes portes d'entrée au rhum et permettaient ensuite l'accès à des rhums plus purs, ne tient plus si l'on ne propose rien d'autre par la suite. Dès que l'on sort du microcosme des "rum nerds", les efforts des passionnés et de certains producteurs pour promouvoir les rhums authentiques ressemblent de plus en plus à un combat de David contre Goliath dont ont ne connait pas la fin. L'enjeu de la crédibilité du rhum en tant que spiritueux de qualité est bien là et je me tourne vers une partie grandissante des cavistes qui, s'ils avaient à une époque besoin de 2-3 locomotives comme DP ou Diplomatico pour faire tourner correctement la boutique, se tirent à mon avis une balle dans le pied en ne proposant désormais que des produits surfaits, passant ainsi de cavistes à simples vendeurs.
Revenons à nos courses de la rentrée ! Comme pour les fournitures scolaires, la liste des rhums que je vais vous présenter pourra être un peu compliquée à réunir, mais je souhaitais cette fois proposer une sélection de rhums dont on parle peu, ou dont j'avais rarement entendu parler moi même. Nous attendons tous de superbes produits à sortir cet automne, mais en attendant j'espère piquer votre curiosité avec des rhums sous-estimés ou des catégories que l'on néglige parfois à tort, comme les rhums Cubains ou les jeunes rhums ambrés. J'essaie de ne pas avoir trop de certitudes de manière générale et notamment en matière de rhum, et cela permet parfois d'avoir de jolies surprises.
Crédits photos : Rhum Attitude
Palma Mulata - 15 ans - 38%
Rhum
Voici un rhum Cubain issu de la distillerie Santa Fe, rattachée à la sucrerie Heriberto Duquesne (tiens donc, Duquesne). Il s'agit d'une des anciennes distilleries qui travaillaient pour Bacardi avant la révolution et leur déménagement à Porto Rico. Cette distillerie est également à l'origine du rhum Vigia qui est aussi assez intéressant.
Les rhums de Cuba sont de style léger, c'est-à-dire que les qualités que l'on y recherchera seront plutôt la finesse et le côté soyeux. Mais rhum léger ne rime pas forcément avec alcool neutre, il faut éviter de tomber dans ce piège afin de ne pas disqualifier tout un pan de la culture rhum que représente la tradition Latine. Ce rhum est un assemblage d'aguardiente, un rhum de sirop de canne très aromatique vieilli pendant au moins deux ans en fût, et de rhum de mélasse très léger, issu d'une installation multi-colonnes. Des "bases" telles que celle-ci sont mises en vieillissement en fût de chêne blanc Américain avec différentes proportions d'aguardiente et de rhum, puis sont assemblées pour donner le produit final. Le rhum est réduit à l'eau avant assemblage et après chaque phase d'assemblage, ce qui nous donne un brut de fût autour des 38% (!!).
Le nez est plutôt boisé / toasté dans un premier temps, avec une influence vanillée. Il gagne vite en amplitude avec des fruits jaunes et du raisin qui pourraient rappeler un Gewurztraminer. Les épices et un petit vernis garantissent une belle intensité et le rhum irradie hors du verre. Nous avons aussi quelques fruits rouges bien mûrs, ainsi que des fruits secs, alors que les tanins se font de plus en plus fondus.
En bouche, le rhum pêche au départ par un manque de puissance, 38% oblige. Les arômes de bois toasté prévalent, avec dans leur sillage des fruits à coque caramélisés et une petite pointe salée. Étant habitué à approcher les rhums avec précaution en les sirotant à petites gouttes, j'ai compris qu'il fallait plutôt déguster ce genre ci avec des lampées plus généreuses. Les fruits que l'on a apprécié au nez prendront alors toute leur place et établiront l'équilibre.
La finale, quant à elle, est courte quoi qu'il arrive, avec du bois et du caramel.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'un summum de dégustation, j'ai été agréablement surpris par le nez très charmeur de ce rhum, ce qui m'a poussé à m'intéresser d'avantage à l'élaboration des rhums de Cuba qui sont issus d'une véritable tradition et d'un savoir-faire complexe.
On peut tout de même se poser la question de la véracité des 15 ans de vieillissement, surtout vis à vis du prix. Les coûts de production sont sans doute peu élevés, la quantité d'alcool quasi-pur doit être assez importante, ainsi que la quantité d'eau, alors laissons leur le bénéfice du doute...
Reimonenq - JR on the rocks - 40%
Rhum agricole
La distillerie Reimonenq a été créée en 1916 par Joseph et Fernand Reimonenq, puis reprise par Leopold Reimonenq en 1959. Le JR de cette cuvée rend donc hommage à Joseph, un des fondateurs de la distillerie Guadeloupéenne. Fernand a aussi une cuvée qui lui est dédié, un millésime 2009 qui comme ce JR, s'écarte un peu du profil classique des rhums de la maison.
C'est justement pour cette raison que j'ai souhaité vous parler de ce rhum. Les rhums Reimonenq ont un profil très particulier, très aromatique, que d'aucuns pourraient qualifier de "too much". Ce profil est en partie dû à un procédé de distillation unique, élaboré par Léopold lui-même, avec une double colonne créole permettant à ce distillateur de génie une maîtrise totale de son appareil. Il est aussi et surtout dû à une "sauce", c'est-à-dire à un sirop ou une macération de fruits maison qui est ajoutée dans les fûts.
Ce qui est intéressant ici, c'est que visiblement la sauce a été utilisée avec parcimonie. Ce rhum de pur jus de canne ambré (environ 18 mois d'âge) a été distillé à fort degré, afin d'obtenir un rhum léger en arômes, ce qui au regard de l'Europe l'écarte même de l'appellation "rhum agricole". Le Reimonenq qui en résulte conserve cependant son identité bien reconnaissable, tout en restant frais et léger.
Au nez, c'est en effet une version épurée de Reimonenq que nous découvrons, beaucoup moins chargée que les cuvées plus âgées. Les notes de pomme et de poire fraîches rappellent dans un premier temps le Calvados, avant de se faire un peu plus lourdes et compotées. Elles sont rejointes par d'autres fruits mûrs, puis confits, et on comprend le clin d’œil fait au Bourbon avec des notes prononcées de boisé fondu, de vanille, d'épices et d'amandes amères. Le nez reste brillant et affûté avec le temps, en évitant d'être entêtant, il parvient à diffuser ses arômes confits sans la sensation de lourdeur qui va avec.
En bouche, les fruits exotiques secs diffusent leurs saveurs de façon radieuse, mais toujours sans impression de lourdeur. Le boisé est comme ciré et poivré, les tanins sont fondus, on imagine que cet ambré a tout de même bénéficié d'une attention particulière lors de son court vieillissement. Le rhum commence à s'effacer en laissant un léger jus d'ananas.
C'est l'identité d'un jeune agricole qui signe la fin de la dégustation avec de la canne, du poivre et un zeste de citron vert.
Ce rhum est selon moi un excellent moyen de découvrir ces rhums si particuliers, incontournables pour tout amateur.
The Real McCoy - 12 ans - 40%
Single blended rum
Les rhums Real McCoy sont distillés chez Foursquare, à la Barbade, à partir de mélasse de canne à sucre. Comme (presque) tous les rhums issus de cette distillerie, il s'agit d'un assemblage de rhums distillés en colonne et de rhums distillés en alambic "pot-still" (alambics traditionnels utilisés pour le whisky), le but étant d'obtenir un subtil équilibre entre deux distillats plus ou moins chargés en composés aromatiques. Il a été vieilli pendant 12 ans en anciens fûts de Bourbon fortement chauffés, voire carbonisés, le brûlage des fûts permettant notamment de maximiser les échanges entre le bois et le liquide.
Lorsqu'il s'agit de Foursquare, on peut être sûr que ce rhum a au moins 12 d'âge et qu'il est sans arômes ni sucres ajoutés. Richard Seale, le patron de la distillerie, fait partie d'un noyau dur de passionnés défendant bec et ongles les rhums purs et authentiques. Ses efforts pour expliquer ce qui fait un rhum authentique, en passant parfois par des argumentations assez techniques, m'ont personnellement permis d'apprendre beaucoup de choses et m'ont aussi donné envie de creuser pas mal de sujets. Je vous conseille de lire les différents articles et interviews qui lui ont été consacrés, ainsi que ses interventions tranchantes mais souvent pertinentes sur les réseaux sociaux.
Ce rhum est moins cité que les Exceptional Casks, les Doorly's ou encore les récentes collaborations avec Velier, mais il fût une très jolie découverte pour moi. Ce doit être le Foursquare "régulier" le plus boisé que j'aie pu goûter.
Au nez, le bois brut et la coco grillée sont servis par une très jolie sensation de concentration aromatique. Le boisé se fait ensuite de plus en plus sophistiqué, on sent que le toastage du fût a permis de libérer beaucoup d'épices, de vanille et d'arômes de fruits à coque grillés et caramélisés. La concentration se traduit par un petit vernis teinté d'hydrocarbures qui permet de soutenir et de transporter les notes d'écorce d'orange et de fruits compotés qui s'étalent alors que le rhum se pose un peu plus.
La bouche s’ouvre sur la mélasse, avec un bon coup de pied aux fesses contenu et équilibré. C’est boisé, très savoureux, et presque chocolaté. Le rhum est chaleureux lorsqu’il se diffuse, il est aussi miellé. Il ne dévie pas de sa trajectoire, nous avons des arômes de sucre de canne, de café, de mélasse et de fruits à coque caramélisés.
L'attaque en bouche est franche, avec une bonne chauffe, mais sans l'agressivité de l'alcool. Le boisé s'empare des papilles en milieu de bouche, avec des saveurs charmeuses allant du miel au cacao fondu. La dégustation se poursuit sur ce registre de saveurs "brunes", avec du muscovado, du café, de la mélasse.
L'attaque en bouche est franche, avec une bonne chauffe, mais sans l'agressivité de l'alcool. Le boisé s'empare des papilles en milieu de bouche, avec des saveurs charmeuses allant du miel au cacao fondu. La dégustation se poursuit sur ce registre de saveurs "brunes", avec du muscovado, du café, de la mélasse.
Le bois mène la danse jusqu'à la finale, toujours un peu verni et vanillé.
Ce rhum a sur tirer tous les bénéfices de son vieillissement en ex fût de bourbon, ses arômes intenses de boisé se déclinent sous plusieurs facettes. Cependant, pas d'astringence trop marquée ni d'overdose d'arômes grillés, la gourmandise et l'exotisme restent au rendez-vous. Un bel exemple d'équilibre.
La Favorite - Cœur Ambre - 45%
Rhum agricole
Au nez, nous avons d'emblée un bel équilibre entre la fraîcheur du rhum blanc agricole (canne, poivre, zeste d'agrume) et la sensation soyeuse d'un rhum souple aux angles légèrement arrondis. Cet équilibre nous promènera entre des notes veloutées (rose, jus de canne bien sucré) et d'autres plus sèches et intenses (agrumes, bagasse, poivre). L'aération laissera des notes fruitées s'installer, elles aussi à l'équilibre et toujours teintées de poivre, entre la pomme verte et l'ananas juste mûr.
En finale, les papilles gardent un vif souvenir de poivre et une fraîcheur presque mentholée.
La distillerie Worthy Park de Jamaïque est très ancienne puisqu'elle fabrique du rhum depuis 1740. Elle fait partie de l'usine sucrière du même nom et produit donc sa propre mélasse avec la canne issue de ses propres champs. Elle a cessé ses activités à nombreuses reprises pendant son existence, sa dernière période d'inactivité ayant eu lieu entre 1962 et 2005. Comme la plupart des autres distilleries Jamaïcaines, Worthy Park a produit (et produit toujours) du rhum vendu en vrac à l'industrie des spiritueux ou a l'agroalimentaire. Ce n'est qu'après sa réouverture en 2005 qu'elle a commencé à commercialiser ses propres marques.
Les rhums Jamaïcains servent souvent de bonificateurs pour d'autres assemblages de rhums, mais quelques embouteilleurs indépendants ont souhaité proposer ces rhums particulièrement aromatiques tels quels, mettant en valeur les meilleurs millésimes avec des vieillissements prolongés (la plupart du temps en Europe). Habitation Velier est un de ces embouteilleurs qui a sorti récemment un sublime millésime de 2005 (premier millésime après la réouverture de la distillerie), cette fois vieilli sur place pendant 10 ans, sous un climat tropical.
Ce Worthy Gold est quant-à lui un embouteillage officiel, un rhum de mélasse fermentée spontanément et longuement avec du jus de canne ainsi que des cannes broyées qui amènent des levures naturellement présentes dans l'environnement. Distillé en pot-still et vieilli pendant 4 ans en fût de chêne blanc Américain, il est embouteillé à 40% d'alcool.
L'intérêt de ce rhum s'exprime avant tout en termes de rapport qualité / prix. Toute la typicité et toute la gourmandise des rhums de cette distillerie y sont bien représentées. La quantité impressionnante d'embouteillages indépendants de ce type de rhum renferme sans aucun doute des pépites bien plus complexes et raffinées, mais ce rhum ci n'a en aucun cas à rougir puisqu'il est l'expression la plus primaire de ce caractère si prisé.
La bouche est moins épaisse que le nez, l'acidité vient casser un peu toute cette compote tropicale, pour le meilleur. Grâce à un boisé plutôt bien ciselé et à des fruits toujours présents mais plus frais, on penserait presque à un whisky, ou peut-être parfois aussi à une eau-de-vie de noyau. La banane est toujours là, bien entendu, mais elle a gagné en élégance.
La finale laisse entrevoir une eau-de-vie de pur jus de canne, ce qui est surprenant mais assez agréable. On va plus loin dans le délice avec un petit noyau de cerise amarena. On a vraiment envie d'y retourner !
Puisque nous nous intéressons au rhum, voici un des premiers OVNI qui a vu le jour après la mise en marche de l'alambic. Son originalité vient déjà de sa matière première : le galabé. Ce sucre provient de la cuisson et donc de la concentration du jus de canne selon une méthode traditionnelle Réunionnaise. Il est non raffiné, c'est-à-dire que le sucre n'est pas séparé de la mélasse, et se présente en lingots. C'est un sucre très aromatique qui avait disparu depuis des décennies et qui a été relancé par Payet & Rivière, à La Réunion.
Le galabé est fermenté et distillé de manière discontinue à la distillerie de Paris, puis bénéficie d'un élevage dynamique. Cette méthode de vieillissement est née dans le cadre d'un programme de recherche et développement avec le tonnelier haute couture de la région de Cognac, Seguin Moreau, ce programme visant à travailler sur un nouveau type d'élevage pour les micro-distilleries. La méthode consiste à employer des petits fûts de 100L dans le but de capter certains arômes. Une fois que ces arômes sont acquis, on change de fût, le rhum gagne ainsi en finesse et en complexité sans perdre de sa fraîcheur. Il peut ainsi passer dans 10 fûts aux caractéristiques différentes, avec différentes essences, différents grains, différentes chauffes. La durée du processus est relativement courte, elle varie entre 6 et 12 mois, selon le style qui se profile. Ce rhum se démarque donc par de nombreux aspects, et il vaut la peine d'être goûté rien que pour cela.
Le nez est forcément surprenant et particulier. Il est très végétal, herbacé, épicé, avec une vivacité et une petite acidité très rafraîchissantes. Cette intensité ne bouscule pas pour autant, l'alcool est quasi absent et c'est très agréable. Passée la vague d'air frais, une succession d'arômes se met en place. Quelques notes d'artichaut, pas mal de gingembre, du citron, de la réglisse. C'est très complexe mais aussi très fluide, le boisé lie tous les arômes qui s'enchaînent sans s'entrechoquer. Le côté végétal l'emporte sans doute, avec un caractère sec de fleurs de bruyère ou de romarin.
The Whisky Agency / LMDW - Sancti Spiritus 1998 - 51,3%
Rhum
Je vous ai déjà parlé du principe des aguardientes de Cuba, ces eaux-de-vie distillées à plus faible degré (75% d'alcool) que les bases de rhums industriels (95% d'alcool) qui composent les assemblages cubains. Ces rhums particulièrement aromatiques sont utilisés comme les rhums "high esters" Jamaïcains ou comme les Grand Arôme Martiniquais et Réunionnais, c'est-à-dire comme bonificateurs ou boosters d'assemblages. Dans le cas de ce 1998, je me demande si nous n'avons pas justement affaire à une aguardiente pure, sans assemblage, tant ce rhum est aromatique par rapport à ses compatriotes. Il se trouve que la "mark" ADC figure sur un embouteillage de ce millésime par Cadenhead's. ADC pour Aguardiente De Cana...? Un indice solide qui irait dans ce sens.
Ce rhum est un single cask (fût unique) de 18 ans (1998-2016) vieilli en Hogshead, un fût composé de 75% de douelles d'ex-fût de bourbon (les douelles sont les "planches" qui composent les fûts) et de 25% de douelles de chêne neuf. Il a vieilli quelques mois à Cuba avant de terminer sa maturation en Ecosse.
La bouche est intense et bien pleine, avec des fruits qui s'écrasent et s'étalent sur les papilles. Très vite, ces papilles se resserrent sur une petite pointe salée et fumée. Le registre de la fermentation prend lui aussi sa place à grands renforts de raisins secs et d'olive. Les fruits noirs comme la mûre ou le cassis marquent la fin de l'assaut.
Le rhum dont j'ai choisi de vous parler est un coup de cœur inattendu, un rhum au départ destiné aux cocktails, qui finalement m'a mis une belle claque au détour d'une dégustation. C'est un rhum de Trinidad, provenant de la distillerie Trinidad Distillers Limited qui produit les rhums Angostura. On a assemblé plusieurs rhums de 2 à 6 ans d'âge vieillis en fût de Bourbon, sans réduction, avec quelques gouttes de rhum Jamaïcain qui viennent donner un bon coup de peps. Contrairement aux autres rhums de la gamme, il n'a pas été affiné en fût de Cognac afin de garder son (fort) caractère intact.
Avec ses 73% d'alcool, il s'agit d'un "overproof". Les overproof sont des rhums typiquement Caribéens, très répandus en Jamaïque notamment, qui sont surtout utilisés dans les cocktails, allongés avec des jus ou des sodas. Le proof (degré éprouvé) est une mesure d'alcool qui remonte au XVIème siècle au Royaume-Uni. On effectuait un test avec de la poudre à canon : si le rhum faisait au moins 57%, la poudre à canon imbibée de rhum pouvait toujours s'allumer, mais pas en dessous. Un rhum à 57% était donc mesuré "100 proof". En dessous, par exemple avec un 40% classique, la mesure est de 70 proof. Le rhum dont nous parlons est bien un overproof (over = au delà) car il avoisine les 130 proof.
La Favorite - Cœur Ambre - 45%
Rhum agricole
La distillerie de La Favorite est un petit poucet du rhum Martiniquais dont la réputation sur l'île et en dehors n'est pourtant plus à faire. Elle représente 3% de la production Martiniquaise qui elle même représente 2% de la production mondiale de rhum ! Il s'agit d'une entreprise familiale et artisanale, qui fonctionne encore à la vapeur et qui travaille presque intégralement avec ses cannes, le reste étant acheté auprès de petits producteurs locaux.
A la différence du Cœur de canne (blanc) et du Cœur de rhum (vieux), ce rhum ambré (que l'on pourrait appeler Élevé sous bois, doré, etc), distillé sur la même colonne en cuivre et vieilli durant 18 mois en fût de chêne blanc Américain, est très peu représenté dans les grands circuits de distribution. Plus que des rhums "intermédiaires", les ambrés sont selon moi de bons reflets de la qualité du travail d'une distillerie. En effet, ils conservent toute la fraîcheur d'un rhum blanc, avec une petite rondeur et une petite teinte aromatique supplémentaires qui présagent de la direction qui sera donnée aux cuvées plus vieilles.
Les ambrés sont pour la plupart vieillis en foudres (grandes cuves de chêne). C'est le cas de celui-ci qui a bénéficié d'un élevage en foudre de chêne issu de Cognac, ce qui en plus de l'avoir assoupli, lui a déjà conféré des arômes intéressants. Il semble que le choix du fût plutôt que du foudre soit parfois très avantageux pour un rhum ambré (un fût est beaucoup plus petit qu'un foudre, donc il y a plus de contact avec le bois), tout comme nous avons pu le voir pour le JR on the rocks, ou comme pour le délicieux Profil 105 de Neisson, mais dans ce cas précis, ce jeune rhum semble avoir bien profité de son séjour en foudre.
A la différence du Cœur de canne (blanc) et du Cœur de rhum (vieux), ce rhum ambré (que l'on pourrait appeler Élevé sous bois, doré, etc), distillé sur la même colonne en cuivre et vieilli durant 18 mois en fût de chêne blanc Américain, est très peu représenté dans les grands circuits de distribution. Plus que des rhums "intermédiaires", les ambrés sont selon moi de bons reflets de la qualité du travail d'une distillerie. En effet, ils conservent toute la fraîcheur d'un rhum blanc, avec une petite rondeur et une petite teinte aromatique supplémentaires qui présagent de la direction qui sera donnée aux cuvées plus vieilles.
Les ambrés sont pour la plupart vieillis en foudres (grandes cuves de chêne). C'est le cas de celui-ci qui a bénéficié d'un élevage en foudre de chêne issu de Cognac, ce qui en plus de l'avoir assoupli, lui a déjà conféré des arômes intéressants. Il semble que le choix du fût plutôt que du foudre soit parfois très avantageux pour un rhum ambré (un fût est beaucoup plus petit qu'un foudre, donc il y a plus de contact avec le bois), tout comme nous avons pu le voir pour le JR on the rocks, ou comme pour le délicieux Profil 105 de Neisson, mais dans ce cas précis, ce jeune rhum semble avoir bien profité de son séjour en foudre.
Au nez, nous avons d'emblée un bel équilibre entre la fraîcheur du rhum blanc agricole (canne, poivre, zeste d'agrume) et la sensation soyeuse d'un rhum souple aux angles légèrement arrondis. Cet équilibre nous promènera entre des notes veloutées (rose, jus de canne bien sucré) et d'autres plus sèches et intenses (agrumes, bagasse, poivre). L'aération laissera des notes fruitées s'installer, elles aussi à l'équilibre et toujours teintées de poivre, entre la pomme verte et l'ananas juste mûr.
En bouche, le poivre fait feu de tous côtés. Savoureux du début à la fin, il ponctuera les différentes phases de la dégustation, tour à tour piquant puis réchauffant le palais. Entre deux assauts, le jus de la canne puis sa fibre et sa paille s'expriment, pour une bouche finalement assez rustique.
En finale, les papilles gardent un vif souvenir de poivre et une fraîcheur presque mentholée.
Le fameux poivré de la Favorite semble s'exprimer ici plus que jamais. Le nez très charmeur laisse place à une bouche ardente, avec toujours une sensation de naturel et l'expression certaine d'un terroir.
Worthy Park - Gold - 40%
Pure single rum
La distillerie Worthy Park de Jamaïque est très ancienne puisqu'elle fabrique du rhum depuis 1740. Elle fait partie de l'usine sucrière du même nom et produit donc sa propre mélasse avec la canne issue de ses propres champs. Elle a cessé ses activités à nombreuses reprises pendant son existence, sa dernière période d'inactivité ayant eu lieu entre 1962 et 2005. Comme la plupart des autres distilleries Jamaïcaines, Worthy Park a produit (et produit toujours) du rhum vendu en vrac à l'industrie des spiritueux ou a l'agroalimentaire. Ce n'est qu'après sa réouverture en 2005 qu'elle a commencé à commercialiser ses propres marques.
Les rhums Jamaïcains servent souvent de bonificateurs pour d'autres assemblages de rhums, mais quelques embouteilleurs indépendants ont souhaité proposer ces rhums particulièrement aromatiques tels quels, mettant en valeur les meilleurs millésimes avec des vieillissements prolongés (la plupart du temps en Europe). Habitation Velier est un de ces embouteilleurs qui a sorti récemment un sublime millésime de 2005 (premier millésime après la réouverture de la distillerie), cette fois vieilli sur place pendant 10 ans, sous un climat tropical.
Ce Worthy Gold est quant-à lui un embouteillage officiel, un rhum de mélasse fermentée spontanément et longuement avec du jus de canne ainsi que des cannes broyées qui amènent des levures naturellement présentes dans l'environnement. Distillé en pot-still et vieilli pendant 4 ans en fût de chêne blanc Américain, il est embouteillé à 40% d'alcool.
L'intérêt de ce rhum s'exprime avant tout en termes de rapport qualité / prix. Toute la typicité et toute la gourmandise des rhums de cette distillerie y sont bien représentées. La quantité impressionnante d'embouteillages indépendants de ce type de rhum renferme sans aucun doute des pépites bien plus complexes et raffinées, mais ce rhum ci n'a en aucun cas à rougir puisqu'il est l'expression la plus primaire de ce caractère si prisé.
Au nez, nous avons une grosse banane écrasée, très très mûre, cuite, voire même séchée et bien noire. Elle cohabite avec un côté végétal un peu résineux et un boisé humide. L'air est extrêmement épais et tropical, les fruits exotiques de toutes sortes sont plus que matures. Le rhum va progressivement vers des notes plus pâtissières, avec de la pâte en train de lever, de la cire d'abeille, des épices douces et des fruits à coque bien gras (amande et noisette). Ce nez gagne constamment en épaisseur et en gourmandise.
La bouche est moins épaisse que le nez, l'acidité vient casser un peu toute cette compote tropicale, pour le meilleur. Grâce à un boisé plutôt bien ciselé et à des fruits toujours présents mais plus frais, on penserait presque à un whisky, ou peut-être parfois aussi à une eau-de-vie de noyau. La banane est toujours là, bien entendu, mais elle a gagné en élégance.
La finale laisse entrevoir une eau-de-vie de pur jus de canne, ce qui est surprenant mais assez agréable. On va plus loin dans le délice avec un petit noyau de cerise amarena. On a vraiment envie d'y retourner !
Certains diront que ce rhum en fait un peu trop et qu'il manque d'élégance. Ils auront tout à fait raison, mais quelle gourmandise ! Je vous conseillerais juste de ne pas vous fier aux 2-3 premiers verres de la bouteille qui vous paraîtront un peu alcooleux. Ce rhum a besoin d'un petit temps d'aération en bouteille avant d'être vraiment apprécié.
Son prix permettra en plus de s'essayer sans complexe à des cocktails savoureux, d'autant qu'il est vendu en bouteille d'1 litre !
Distillerie de Paris - Rhum Galabé - 43%
Pure single rum
Avant l'arrivée de la distillerie de Paris en 2014, cela faisait plus d'un siècle que l'on avait plus distillé dans la capitale. Les frères Julhès ont eu la folie et l'obstination nécessaires à l'installation de leur alambic dans le Xème arrondissement, duquel coulent depuis des rhums, whiskys, gins et autres expériences. Il s'agit bien d’expériences, car les frères ont souhaité que la distillerie soit aussi un espace de liberté créative, un laboratoire pour distillateurs inspirés.
Puisque nous nous intéressons au rhum, voici un des premiers OVNI qui a vu le jour après la mise en marche de l'alambic. Son originalité vient déjà de sa matière première : le galabé. Ce sucre provient de la cuisson et donc de la concentration du jus de canne selon une méthode traditionnelle Réunionnaise. Il est non raffiné, c'est-à-dire que le sucre n'est pas séparé de la mélasse, et se présente en lingots. C'est un sucre très aromatique qui avait disparu depuis des décennies et qui a été relancé par Payet & Rivière, à La Réunion.
Le galabé est fermenté et distillé de manière discontinue à la distillerie de Paris, puis bénéficie d'un élevage dynamique. Cette méthode de vieillissement est née dans le cadre d'un programme de recherche et développement avec le tonnelier haute couture de la région de Cognac, Seguin Moreau, ce programme visant à travailler sur un nouveau type d'élevage pour les micro-distilleries. La méthode consiste à employer des petits fûts de 100L dans le but de capter certains arômes. Une fois que ces arômes sont acquis, on change de fût, le rhum gagne ainsi en finesse et en complexité sans perdre de sa fraîcheur. Il peut ainsi passer dans 10 fûts aux caractéristiques différentes, avec différentes essences, différents grains, différentes chauffes. La durée du processus est relativement courte, elle varie entre 6 et 12 mois, selon le style qui se profile. Ce rhum se démarque donc par de nombreux aspects, et il vaut la peine d'être goûté rien que pour cela.
Le nez est forcément surprenant et particulier. Il est très végétal, herbacé, épicé, avec une vivacité et une petite acidité très rafraîchissantes. Cette intensité ne bouscule pas pour autant, l'alcool est quasi absent et c'est très agréable. Passée la vague d'air frais, une succession d'arômes se met en place. Quelques notes d'artichaut, pas mal de gingembre, du citron, de la réglisse. C'est très complexe mais aussi très fluide, le boisé lie tous les arômes qui s'enchaînent sans s'entrechoquer. Le côté végétal l'emporte sans doute, avec un caractère sec de fleurs de bruyère ou de romarin.
En bouche, le gingembre fait une entrée fracassante et envahit tout le palais. Cela se fait toujours sans violence, sans aucune trace d'alcool, mais avec une présence aromatique saisissante. Le gingembre frais semble vraiment mener la danse mais concède un peu de place à des notes de réglisse ou de cola.
En finale, c'est le côté poivré du gingembre qui persiste un bon moment.
Même si l'on est loin d'un profil traditionnel, ce rhum n'en reste pas moins une eau-de-vie de canne très soignée, très aromatique et soyeuse à la fois.
The Whisky Agency / LMDW - Sancti Spiritus 1998 - 51,3%
Rhum
Voici le deuxième rhum cubain de la sélection, et le premier rhum issu d'un embouteilleur indépendant. La distillerie Sancti Spiritus (ou plutôt Paraiso, Sancti Spiritus désignant en réalité la région de Cuba où ce rhum est produit) est à l'origine du rhum Santero, un ron franchement dispensable. Mais en revanche elle devient bien plus intéressante lorsqu'elle vend le type de rhum que voici aux courtiers Européens chez qui la plupart des embouteilleurs indépendants se fournissent. Ce millésime a été beaucoup travaillé, par La Compagnie des Indes notamment, qui en a proposé d'excellents fûts.
Je vous ai déjà parlé du principe des aguardientes de Cuba, ces eaux-de-vie distillées à plus faible degré (75% d'alcool) que les bases de rhums industriels (95% d'alcool) qui composent les assemblages cubains. Ces rhums particulièrement aromatiques sont utilisés comme les rhums "high esters" Jamaïcains ou comme les Grand Arôme Martiniquais et Réunionnais, c'est-à-dire comme bonificateurs ou boosters d'assemblages. Dans le cas de ce 1998, je me demande si nous n'avons pas justement affaire à une aguardiente pure, sans assemblage, tant ce rhum est aromatique par rapport à ses compatriotes. Il se trouve que la "mark" ADC figure sur un embouteillage de ce millésime par Cadenhead's. ADC pour Aguardiente De Cana...? Un indice solide qui irait dans ce sens.
Ce rhum est un single cask (fût unique) de 18 ans (1998-2016) vieilli en Hogshead, un fût composé de 75% de douelles d'ex-fût de bourbon (les douelles sont les "planches" qui composent les fûts) et de 25% de douelles de chêne neuf. Il a vieilli quelques mois à Cuba avant de terminer sa maturation en Ecosse.
Plus encore que le Palma Mulata, ce rhum fera changer d'avis les sceptiques des rhums "latinos", ou pourra permettre d'éviter l’écueil de la généralisation du genre : Latino = ultra-light, industriel et sucré. Je suis prêt à en prendre le pari !
Le nez est assez fin dans les premiers instants, avec des arômes de sucre de canne et une touche de vin blanc au sein de laquelle des fruits exotiques mûrs et des fleurs blanches vont bientôt se développer. Pendant ce temps le profil s'alourdit, on a de l'olive noire, de la résine, du bois. Les épices et les raisins secs viennent apporter un aspect profond et pâtissier.
L'aération permettra d'aller plus loin dans la lourdeur et la complexité, on arrive sur un profil qui évoque le whisky, avec un côté fumé et animal, puis toasté. On reste toutefois dans l'exotisme avec des fruits très mûrs, voire fermentés.
La bouche est intense et bien pleine, avec des fruits qui s'écrasent et s'étalent sur les papilles. Très vite, ces papilles se resserrent sur une petite pointe salée et fumée. Le registre de la fermentation prend lui aussi sa place à grands renforts de raisins secs et d'olive. Les fruits noirs comme la mûre ou le cassis marquent la fin de l'assaut.
La finale est longue et gourmande, avec des arômes sombres mais sucrés de pruneau et de réglisse, et une petite pointe métallique.
Ce rhum a un caractère bien trempé, presque Jamaïcain (ou Sainte-Lucien avec son versant un peu médicinal), sauf qu'il est un peu plus contenu et aérien, et c'est précisément cette justesse qui séduit.
Plantation - Original Dark Overproof - 73%
Blend des Caraïbes
Les rhums Plantation sont nés en 2003 au sein de la maison de Cognac Ferrand. L'embouteilleur / affineur / assembleur sait s'amuser et propose des rhums de toutes origines, affinés chez lui en fûts de Cognac, mais aussi dans une multitude d'autres fûts allant du Banyuls au Vin de Glace. Plantation est déjà un acteur majeur puisque ses rhums sont largement distribués à travers le monde et connaissent un succès dans l'univers de la dégustation comme dans celui de la mixologie.
La maison s'apprête à devenir réellement incontournable car elle a récemment racheté la West Indies Rum Distillery de la Barbade, qui produit les rhums Cockspur entre autres, et a participé à la réouverture de la distillerie Long Pond de Jamaïque en en devenant actionnaire à raison d'un tiers. Alexandre Gabriel, insatiable passionné, compte bien remettre en route les pot-stills historiques laissés jusqu'ici de côté à la WIRD et aussi tirer profit des alambics mythiques de Long Pond. Chose rare dans le domaine du rhum, Plantation passe d'affineur-assembleur à distillateur, l'avenir promet de très belles choses !
La maison s'apprête à devenir réellement incontournable car elle a récemment racheté la West Indies Rum Distillery de la Barbade, qui produit les rhums Cockspur entre autres, et a participé à la réouverture de la distillerie Long Pond de Jamaïque en en devenant actionnaire à raison d'un tiers. Alexandre Gabriel, insatiable passionné, compte bien remettre en route les pot-stills historiques laissés jusqu'ici de côté à la WIRD et aussi tirer profit des alambics mythiques de Long Pond. Chose rare dans le domaine du rhum, Plantation passe d'affineur-assembleur à distillateur, l'avenir promet de très belles choses !
Le rhum dont j'ai choisi de vous parler est un coup de cœur inattendu, un rhum au départ destiné aux cocktails, qui finalement m'a mis une belle claque au détour d'une dégustation. C'est un rhum de Trinidad, provenant de la distillerie Trinidad Distillers Limited qui produit les rhums Angostura. On a assemblé plusieurs rhums de 2 à 6 ans d'âge vieillis en fût de Bourbon, sans réduction, avec quelques gouttes de rhum Jamaïcain qui viennent donner un bon coup de peps. Contrairement aux autres rhums de la gamme, il n'a pas été affiné en fût de Cognac afin de garder son (fort) caractère intact.
Avec ses 73% d'alcool, il s'agit d'un "overproof". Les overproof sont des rhums typiquement Caribéens, très répandus en Jamaïque notamment, qui sont surtout utilisés dans les cocktails, allongés avec des jus ou des sodas. Le proof (degré éprouvé) est une mesure d'alcool qui remonte au XVIème siècle au Royaume-Uni. On effectuait un test avec de la poudre à canon : si le rhum faisait au moins 57%, la poudre à canon imbibée de rhum pouvait toujours s'allumer, mais pas en dessous. Un rhum à 57% était donc mesuré "100 proof". En dessous, par exemple avec un 40% classique, la mesure est de 70 proof. Le rhum dont nous parlons est bien un overproof (over = au delà) car il avoisine les 130 proof.
Au nez, c'est le côté Jamaïcain qui saisit en premier, avec de la banane, de l'olive en saumure mais aussi des notes plus douces d'amande et même de frangipane. Les fruits sont très exotiques et très mûrs, puis ils se font plutôt rouges et acidulés, pour un côté presque bonbon. Attention tout de même, ce nez est à approcher avec prudence, l'alcool brûle si l'on s'y frotte de trop près et il peut vite masquer les arômes.
La bouche est saisissante, extrêmement puissante. Elle impose une grande vague de fruits mûrs, très riche, où l'on a l'impression de passer en revue tous les fruits exotiques. Le boisé est mordant, mais assez vite calmé par un pruneau bien gras qui vient soulager avec ses sensations confites.
La force de l'alcool ne nous lâche pas jusqu'à la finale qui s'étire proportionnellement en longueur, avec du caramel fumé, des épices et des fruits plus que matures.
C'est un rhum à conseiller aux palais un peu aiguisés, mais qui emmène la bouche dans un tourbillon de fruits exotiques et nous transporte en quelques instants sous les tropiques. Il est très expressif et ne se fera jamais oublier dans un cocktail. Profitez-en car je crois que l'on ne devrait plus en trouver longtemps, j'ai en effet l'impression que l'OFTD (beaucoup moins réussi selon moi, très porté sur le caramel) a été désigné comme son remplaçant.